Les liens entre les mouvements politiques et l’islamisme – Tondelier, en Vert et contre Tous – Épisode 4

Marine Tondelier était auditionnée par la commission sur l’islamisme politique. Deux heures d’échanges tendus où la cheffe des Écologistes a esquivé, recadré et résisté point par point aux soupçons d’entrisme visant son parti. Un face-à-face sans concession.
Les liens entre les mouvements politiques et l'islamisme - Tondelier, en Vert et contre Tous - Épisode 4

 

L’audition du 2 décembre n’avait rien d’une formalité technique.
Une salle lumineuse mais lourde, des députés sur le qui-vive, des micros prêts à tout enregistrer.
Et face à eux, Marine Tondelier.
Secrétaire nationale des Écologistes, voix affûtée, posture assurée, calme étudié.

Ce jour-là, elle ne venait pas défendre un programme.
Elle venait répondre à la commission d’enquête sur l’islamisme politique et l’entrisme dans les institutions.
Non pas en experte du sujet, mais en cheffe de parti citée à plusieurs reprises par des élus, des préfets, des journalistes, comme une formation vulnérable aux influences idéologiques.

Tondelier s’avance, prête serment.
Pendant près de deux heures, elle affronte un feu nourri de questions sur les ambiguïtés de son parti, ses élus, ses alliances, ses zones grises.
Subvention de mosquée controversée, fréquentations problématiques, glissements idéologiques, contradictions internes : la commission veut comprendre.
Elle, méthodique, recadre, nuance, élargit, déplace.
Rien ne la fait trembler.

ROOTS a visionné l’audition.
Près de deux heures d’un duel politique tendu, où l’État tente de saisir un phénomène diffus, et où une responsable politique s’efforce de ne jamais laisser l’autre définir le terrain.


 

Pendant près de deux heures, Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, a été auditionnée par la commission d’enquête parlementaire sur les liens entre mouvements politiques et islamisme. Une séance longue, sous haute tension, où la députée a tenu une ligne de défense remarquablement constante : ne jamais laisser l’interlocuteur définir le terrain, recadrer systématiquement les questions, et transformer chaque accusation en cas isolé.

Dès l’ouverture, la commission rappelle sa mission : comprendre comment les mouvances islamistes tentent d’influencer les responsables publics. Et pourquoi certains partis, au premier rang desquels La France Insoumise, mais aussi EELV au niveau local, ont été cités par les services de renseignement. Tondelier, elle, commence par dénoncer ce qu’elle appelle une « approche délétère » qui fabriquerait un climat de suspicion envers les citoyens musulmans.

Le ton est posé : l’arène sera aussi un débat sur la manière de débattre.

Très vite, la tension monte. Le président l’interroge sur l’existence même d’un risque d’entrisme islamiste dans la société. Elle répond par les chiffres du rapport Darmanin sur les Frères musulmans pour relativiser l’ampleur du phénomène.

La commission insiste : l’islamisme, ce n’est pas seulement le frérisme. Mais Tondelier déplace le débat, critique la méthodologie, interroge les mots choisis, refuse les généralisations. Une stratégie claire : tout cadrage qui pourrait incriminer son parti est immédiatement déconstruit.

Puis viennent les questions les plus sensibles. Caroline Yadan déroule un inventaire serré : une sénatrice verte ayant défilé avec Elias d’Imzalène, la subvention Millî Görüş à Strasbourg, le refus de signer une charte de laïcité, les propos antisémites d’une élue parisienne, le burkini à Grenoble, un candidat proche de Tariq Ramadan, et une photo où Tondelier enlace Salah Hamouri. Un chargeur entier. Tondelier répond point par point, découpant chaque fait, recontextualisant, relativisant. Jamais elle n’admet une dynamique globale ; jamais elle ne reconnaît un angle mort structurel. Chaque cas devient un incident séparé. Le schéma n’existe pas.

La commission tente alors un autre angle : les positions du parti sur le burkini, les horaires séparés en piscine, ou la formation interne contre l’antisémitisme. Tondelier répond avec assurance, détaillant longuement les dispositifs, déplaçant le débat vers l’hygiène, la loi, les usages sportifs. Mais ce n’est qu’à l’arrivée de Prisca Thévenot que la température grimpe vraiment :
« Oui ou non, êtes-vous favorable au voilement des fillettes ? »

La question est frontale, exige une ligne claire. Tondelier renvoie à la légalité, à la marginalité du phénomène, à des cas dans l’éducation catholique. Une déviation millimétrée : elle répond, mais jamais sur le terrain exact de l’interlocutrice.

La même mécanique s’observe lorsqu’on lui reproche son invitation du rappeur Médine aux journées d’été d’EELV ou son commentaire sur des manifestants criant « Allah Akbar ». Elle reconnaît une « connerie » dans ce dernier cas, raconte la fatigue, le contexte, l’image sans le son. Une sincérité assumée, mais qui déplace encore une fois la responsabilité : l’erreur n’est jamais structurelle, toujours circonstancielle.

Au fil des échanges, un constat s’impose : la commission cherche la faille, l’aveu, la contradiction interne. Tondelier, elle, désamorce, contourne, requalifie. Le mécanisme se voit, mais il ne casse pas. La rhétorique est maîtrisée, la posture solide, le calme intact. Elle ne vacille pas.

À la fin, chacun repart avec sa vérité renforcée.
La commission : qu’il existe bien un flou, des ambiguïtés, des zones où l’idéologie verte laisse entrer des proximités douteuses.
Marine Tondelier : que ce flou est fabriqué, instrumentalisé, destiné à délégitimer son camp politique.

Pas de KO.
Juste une République qui tente de comprendre un phénomène qui la dépasse déjà, et une responsable politique qui refuse de laisser le terrain du débat se refermer sur elle.

Deux heures de tension, deux visions du monde, et au milieu, la certitude que rien n’aura été résolu.

SOUTENEZ ROOTS

En soutenant ROOTS, vous participez à la riposte contre la haine,le mensonge, l’oubli, et la désinformation.

Partager cette publication: